Élève de l'Ecole Annexe de Brest, pendant deux ans, avant d'être admis à l'Ecole Principale de Santé Navale de Bordeaux, Fernand Le Chuiton est entré au service de la Marine le 17 octobre 1912 à l’âge de 19 ans. 

Il devait y rester 43 ans pour y atteindre et exercer les plus éminentes fonctions.

 

La première guerre mondiale interrompt ses études. Détaché dans l'Armée comme médecin auxiliaire, il est affecté, en août 1914, au 6ème Bataillon de marche du 43ème Régiment territorial d'infanterie, sur le front d'Alsace. Il relève les blessés entre les lignes et leur donne les premiers soins dans les tranchées. Son travail de médecin et les difficultés comme les souffrances de la guerre ne lui font pas oublier la peinture. Il devait ramener de cette période de nombreux croquis, pastels et fusains édifiants de cette époque, où l’on retrouve une grande valeur artistique.

 

En novembre 1917, il rallie la Marine et achève la guerre comme médecin auxiliaire de 2ème classe sur le cuirassé "Lorraine" basé à Corfou. Il nous laisse là aussi quelques toiles témoignant de cette époque.

 

La guerre terminée, il est démobilisé et retourne à bordeaux pour y terminer ses études médicales, à l’issue desquelles il est nommé médecin major sur l’aviso "Quentin Roosevelt", puis médecin de la Marine à Saïgon avant de devenir Chef des laboratoires de bactériologie à Lorient, à Brest, à l’hôpital Sidi-Abdallah à Ferryville (Tunisie), puis à Toulon.

 

Professeur agrégé (il fut le premier professeur agrégé des hôpitaux maritimes dans les spécialités de l'hygiène et de la bactériologie), ayant passé le premier concours institué en 1931, il enseigne la bactériologie, l'hygiène, la parasitologie et l'anatomie pathologique à l'Ecole de Bordeaux puis l'épidémiologie navale à l'Ecole d'application de Toulon.

Chef du Service de Santé de la Marine à Alger, il est nommé par le gouvernement provisoire du général De Gaulle, Chef, puis dernier Directeur Central du Service de Santé de la Marine Combattante, de 1943 à 1955. Il devient le premier Inspecteur Central des Services de Santé des Armées après la fusion opérée à la fin de 1948 et préside le Conseil consultatif de ces Services.

 

C'est dans ces hautes fonctions qu'il est à sa limite d'âge, admis en 2ème section, en 1955, comme médecin général de 1ère classe, grade auquel il avait accédé en mai 1945.

Cette riche carrière médicale et maritime explique toute la diversité géographique de ses peintures : Indochine, Tunisie, Algérie, Provence, Bretagne, Paris, Versailles, Bordeaux ; toutes ces régions pittoresques ne manquèrent pas de l’inspirer.

 

Sur le plan médical, sa carrière a été particulièrement bien remplie.

Docteur en médecine, breveté de l'Institut Pasteur de Paris, titulaire du certificat d'hygiène de la Faculté de médecine de Paris, le Docteur Le Chuiton appartenait à de nombreuses sociétés savantes.

Élu membre correspondant national de l'Académie de Médecine en 1947, il était, d'autre part, membre de la Société de pathologie exotique, de la Société internationale de microbiologie, de la Société de médecine publique et de génie sanitaire, de la Société de biologie de Bordeaux.

Il fut également Secrétaire général de la Ligue nationale française contre le cancer et Président du Comité de défense contre l'alcoolisme des YVELINES.

Inaugurées par une thèse sur « l'accouchement chez les primipares âgés » ses publications, ses communications, faites pour la plupart à l'Académie des sciences ou devant l'une des sociétés savantes auxquelles il appartenait et publiées dans diverses revues médicales, sont si nombreuses qu’on ne peut les énumérer toutes.

 

On se bornera donc à citer ses principales études.

 

Tout d'abord, de nombreux travaux sur le typhus, qui ont permis de séparer nettement le typhus marin, observé avant la seconde guerre mondiale sur les bâtiments de la flotte à Toulon, et la fièvre boutonneuse, que jusqu' alors on avait confondu avec lui. Ils ont, en outre, élucidé son mode de transmission à l'homme, attribué auparavant aux piqûres de puces alors qu'il s'opère par la voie digestive. Ils ont eu comme conséquence pratique, en conduisant à protéger les aliments contre les souillures des rats, de faire disparaître cette maladie des bords.

Par ses expériences de laboratoire sur le bacille tuberculeux, le Docteur Le Chuiton a montré la constante innocuité du vaccin BCG. Son travail sur "quelques acquisitions recensés concernant la biologie du bacille de Koch et principalement au sujet de sa culture" lui valut, en 1934, le prix de Médecine navale- Il fut aussi le principal responsable de la création, en 1945, du sanatorium des Neiges, centre de traitement des tuberculeux à Briançon, et du sanatorium de Sidi-Yaya, en 1950.

C'est à lui que l'on doit la première description, en 1923, en Cochinchine, de la filariose et de la première observation, en 1931, des fièvres récurrentes, en Tunisie.

On lui doit également de savoir que la morsure du chien peut, au même titre que celle du rat, transmettre à l'homme la maladie dénommée sodoku.

Faisant une incursion dans la médecine vétérinaire, il a, en étudiant la peste porcine, contribué à la réalisation d'un vaccin efficace contre cette grave épizootie.

Dans le domaine de l'hygiène navale, il a étudié notamment la vie à bord des sous-marins, l'alimentation des marins, la lutte contre l'alcoolisme dans la Marine.

Quantité d'autres problèmes ont fait l'objet de ses études : les fièvres typhoïdes, la sérologie et la syphilis, le paludisme, la diphtérie et, en dehors des maladies infectieuses qui l'intéressaient particulièrement, maintes questions d'anatomie pathologique, notamment la leucémie aigüe, diverses tumeurs, la greffe de certaines glandes. Il se préoccupait également de la pollution de l'air, des eaux et des mers, par les déchets radioactifs et les hydrocarbures usagés, dont se soucient actuellement de nombreuses organisations nationales et internationales. Ses communications à ce sujet furent suivies de vœux de l'Académie de Médecine, notamment en 1964.

Dans le domaine même des maladies infectieuses, ses travaux ne se sont pas bornés au laboratoire, mais se sont étendus à la clinique. 

 

Bien que sa carrière fût celle d’un grand marin, et surtout d’un éminent médecin, F. Le Chuiton n’oubliera jamais un seul instant sa première ardeur pour l’art, comme en témoigne l’importante œuvre picturale qu’il nous a laissée. Ce fût un peintre prolifique (on approche du millier de toiles). 

 

Titres militaires

- Spécialiste en Bactériologie et Anatomie Pathologique des Hôpitaux Maritimes (1931)

- Professeur Agrégé en Bactériologie - Hygiène des Ecoles du Service de Santé de la
Marine (1931)

- Professeur en Bactériologie des Ecoles du Service de Santé de la Marine (1943)

 

Titres civils

- Docteur en Médecine*

- Brevet de l'Institut Pasteur à Paris

- Certificat d'Hygiène de la Faculté de Médecine de Paris

 

Décorations et récompenses :

Décorations françaises :

- Croix de guerre Ordre du Régiment 1915

- Croix du Combattant 1914 – 1918

- Croix de guerre Ordre du Corps d'Armée 1939 – 1945

- Commandeur de la Légion d'Honneur 1946 (pour services de guerre)

- Commandeur du Mérite Maritime

- Commandeur de la Santé Publique

- Officier des Palmes Académiques

- Officier de l'Instruction Publique

- Médaille d’honneur des Epidémies (Croix d'argent)

- Médaille d'Honneur du Service de Santé de la Marine

- Médaille d'Honneur du Service de Santé de l’Air

Décorations étrangères :

- Commandeur de la Légion Américaine du Mérite

- Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

- Félicitations du Ministre Prix de Médecine Navale 1934

- Prix de médecine navale 1934

 

Appartenance aux sociétés savantes

- Membre de la Société Internationale de microbiologie (1933)

- Membre de la Société de Pathologie exotique (1934)

- Membre de la Société de Médecine Publique et de Génie Sanitaire

- Membre de la Société de Biologie de Bordeaux

- Membre correspondant national de l’Académie de Médecine (1947)

- Secrétaire Général de la Ligue Nationale Française contre le Cancer (1961 – 1968)