LES GENRES ET TECHNIQUES UTILISÉS
Paysagiste dans l’âme, Fernand Le Chuiton a essentiellement peint à l’huile sur toile, des paysages de Bretagne, de Provence et d’Afrique du Nord.
Il nous a également laissé de nombreux dessins au crayon, à l’encre de chine, et lavis, réalisés pendant son service dans l’Armée de Terre, lorsqu’il était sur le front dans les tranchées pendant la guerre 1914 – 1918
LES THÈMES ABORDÉS ET SES SUJETS DE PRÉDILECTION
La Bretagne a souvent séduit les peintres par son pittoresque, sa poésie et par son dramatisme. Comment n’aurait-elle pu inspirer un artiste d’origine brestoise, doublé d’un médecin de la marine, qui, entre chaque croisière, revenait se retremper au sein de sa famille, en plein cœur du pays breton ?
F. Le Chuiton est le paysagiste amoureux de la Nature et en particulier de la Nature bretonne, une Bretagne sauvage aux aspects rudes. Il se cantonna dans le paysage le plus simple, le plus dépouillé, le plus foncièrement vrai, toujours représenté sous une belle lumière qui corrigeait la rudesse de ce pays par la gaieté d’un coloris assez vif. Il fut très attiré par la magie des ciels bretons.
La peinture bretonne de F. Le Chuiton est dominée par sa personnalité celte, sensible, humaine, réaliste, équilibrée.
Il se plaît à rendre l’âpre aspect de la Bretagne terrienne. C’est au cœur du pays d’Armor qu’il entend demander les motifs qui le font le plus vibrer et qu’il reproduit avec vigueur et amour sur la toile. Une ferme centenaire, perdue dans la verdure et dont on aperçoit tout juste un chaume mordoré ; un chemin creux bordé de quelques bouquets d’arbres, de ces chênes noueux, à l’aspect de stropiats ; un ruisselet dans l’eau duquel se réverbère l’azur d’un ciel pur et qui coule entre une haie de saules et d’ormes ; un pâturage niellé par les marguerites et appuyé par les murets d’un village, dont on aperçoit la flèche du clocher, lui suffisent largement pour faire un tableau. Il est très sensible à la beauté des édifices léonards.
Une de ses grandes sources d’inspiration fut aussi la Bretagne des arbres. "Mon instinct de paysagiste me porte vers les arbres…", aimait à déclarer Fernand Le Chuiton. En effet, il magnifia toujours l’arbre, seul personnage qu’il retenait dans ses motifs de campagne comme dans son œuvre "La route sous les arbres", exposée au Salon des Artistes français en 1965.
Il a un attrait tout particulier pour les sous-bois, les landes, les maisons pittoresques et les chapelles toujours dans un cadre de verdure, ce vert dont il maîtrise à la perfection les nuances et les lumières.
L’inspiratrice de cet artiste fut également la Bretagne maritime, comme sa profession de médecin de marine pouvait le laisser supposer. Il peignit de nombreuses marines représentant des plages, des falaises, des abers ou un endroit cher au cœur du peintre, comme cette splendide "Marine à Lampaul Plouarzel", médaille d’or de la ville de Rome en 1972.
Dans son "traité du paysagiste", F. Le Chuiton nous livre ses sentiments pour les paysages bretons et la façon dont il s’est pris pour les peindre.
F. Le Chuiton fut également inspiré par d’autres régions de France. La première d’entre elles est le Bordelais, qu’il avait appris à connaître pendant son séjour à l’Ecole de Santé Navale de Bordeaux
La seconde fut la Provence. Il l’évoquait en représentant le pittoresque de ce pays : la campagne et l’habitat.
Puis il s’attacha à peindre la Région Parisienne : les rues de Paris et les alentours de Versailles.
D’autres pays ont su aussi s’attirer ses faveurs, comme la Tunisie, l’Algérie ou l’Indochine.
Au travers de ses multiples escales, la nature restera toujours omniprésente dans son œuvre.
SES PÉRIODES ARTISTIQUES ET SON STYLE
L’évolution de sa peinture
Si F. le Chuiton est resté paysagiste dans l’âme tout au long de sa vie, et a fait preuve d’une relative stabilité dans sa façon de peindre, qui s’apparente à celle des impressionnistes, il n’en n’est pas moins vrai qu’il apprit au fil du temps à contenir sa fougue et à contrôler plus rigoureusement son tempérament en nous livrant des peintures de plus en plus sensibles et nuancées.
Il acquit peu à peu un métier : une obéissance de la main à ses vives sensations, et surtout une habitude de l’œil à saisir dans un réflexe les rapports justes des lignes, des masses et des couleurs.
Son style artistique
F. Le Chuiton est un méditatif et un grand observateur. Sa peinture est dominée par sa personnalité celte, sensible, humaine, réaliste, équilibrée.
Ses toiles déclinent une triple harmonie : celles de la composition, des lignes, des gammes colorées.
Il se consacre au paysage et cherche à exprimer la vie profonde de la nature, à en dégager les rythmes essentiels d’allure parfois rude mais toujours émouvante, sans forcer son interprétation par des outrances sans raison.
F. Le Chuiton est le paysagiste amoureux de la Nature et en particulier de la Nature bretonne, une Bretagne sauvage aux aspects rudes. Il se cantonne dans le paysage le plus simple, le plus dépouillé, le plus foncièrement vrai, toujours représenté sous une belle lumière qui corrige la rudesse de ce pays par la gaieté d’un coloris assez vif.
Dans ses paysages bretons, il a un attrait tout particulier pour les sous-bois, les landes, les maisons pittoresques toujours dans un cadre de verdure, ce vert dont il maîtrise à la perfection les nuances et les lumières. Il est toujours apparu comme un coloriste très délicat.
D’autre part, si chez Le Chuiton tout "tourne" autour du paysage, dans ce paysage tout se ramène à la construction, à de beaux rythmes linéaires.
La couleur, l’empâtement ne sont que les servants, les auxiliaires de ces arabesques extraites de la Nature par l’âme de l’artiste.
Dans son tableau "Horizon sur les monts d’Arrée", on sent bien le rythme des champs qui se voient au creux de deux belles lignes de collines. Il y a là une cadence qui rejoint la poésie, la musique, grâce à une construction à la fois volontaire et sensible.
F. Le Chuiton est bien un poète, un créateur. Mais il demeure toujours dans la nature pour ne pas s’égarer dans les Domaines perdus du Grand Meaulnes. Il y introduit son ordre intérieur, ceci grâce à une volonté qui domine un intellect baigné de sensations, d’ondes multiples et vibrantes. Quand il a trouvé la loi, la loi des lignes et des couleurs, il se sent en repos, envahi de bonheur ; il ne reste en lui, tout au plus, que l’ombre de la crainte des dernières retouches, loin de toute exaltation.
Le critique d’art André Guégan écrivait à propos de son style : "Paysagiste, Fernand Le Chuiton m’aura laissé une impression de réconfort, de grande paix, de recueillement. Traité en "intimiste", son paysage recèle ses affections secrètes et sous-jacentes ; brasille des douces mélancolies que le peintre traduit en tons passés : rose pâle d’une sente où musarde le soleil ; vert timide des frondaisons ; bleu déteint des ciels où les orages cheminent vers l’aboutissement… La composition est simple, autant que le sujet le permet. Point de complications prétentieuses où s’échafaudent les fuites de trente-six perspectives dans lesquelles l’architecte fait des "loups". Pas d’avantage d’effets recherchés : un chemin de terre sous un vent d’ouest qui passe, des nuages à la main… Cela suffit à la sagesse de son bonheur.
Il aura aimé la Bretagne avec tant d’humilité dans son ardeur qu’aucun ne l’aura peinte comme lui, avec si peu d’artifice et autant de sincérité. Cela aura été son grand mérite. Il aura donné à ses admirateurs la joie simple et profonde de retrouver sous ses brosses le pays qu’ils ont le mieux aimé".
Les différentes étapes de son œuvre
On retrouve les différentes étapes de son œuvre à travers ses voyages à l’étranger ou dans l’hexagone.
Médecin de marine, et donc globe-trotter par profession, F. le Chuiton fit des séjours prolongés en Indochine, Tunisie et Algérie, découvrant ainsi des civilisations, des régions pittoresques aux riches couleurs qui ne manquèrent pas de l’inspirer.
Il profita également de ses différentes affectations dans des régions de France aussi variées que la Bretagne, la Provence, le Bordelais, Paris, pour y exercer son talent de peintre paysagiste.
Autant "d’escales" qui nous guident dans les périples de l’humaniste que fut F. le Chuiton dont la carrière médicale et maritime explique toute la diversité géographique de ses peintures, diversité qui révèlent les multiples facettes de son talent.
Mais s’il a promené son chevalet par le monde, la lumière de Bretagne, celle des landes, des côtes, des sous-bois, resta pourtant la principale source d’inspiration de celui qui déclarait "mon instinct de paysagiste me porte vers les arbres. Je ne suis jamais aussi à l’aise, je ne communie jamais tant avec la nature que lorsque je me retrouve en présence d’un coin de mon pays".
Dans son Traité du paysagiste, il aborde le sujet des voyages sous la forme de questions : "Les voyages sont-ils profitables aux paysagistes ? Le paysagiste doit-il sans cesse se déplacer à la surface du globe à la recherche des formes et des lumières multiples ?"
Et tente d’y apporter une réponse :
"Il est courant d'offrir aux artistes des bourses de voyage pour les changer d'atmosphère. Les séjours des jeunes artistes à Rome, en Espagne ou ailleurs sont basés sur ce principe pour varier leur inspiration.
N'est-ce pas en Afrique que Delacroix a pris pleinement conscience de la couleur ? Les lumières des pays du Sud : Italie, Grèce, Espagne, Afrique, Asie offrent des somptuosités de couleur. Un coloriste s'y sent irrésistiblement attiré"…
… "La lumière varie avec les latitudes : un paysage polaire n’est pas comparable à une forêt des tropiques, à une huerta d’Andalousie, à une steppe de Russie"…
… "Il ne faudrait pas croire, cependant, que rien ne se ressemble, que les différences sont toujours ainsi tranchées et qu'en des pays du Sud l'on ne puisse parfois retrouver des aspects presque identiques à ceux du Nord et inversement".
Il est possible d'observer des apparences communes à toute la terre. Ne m'est-il pas arrivé, en Indochine, de retrouver des aspects de pays de Bretagne devant des paysages de rizières sous un ciel gris (exception faite de la forme des palmiers, des aréquiers, des cocotiers) ainsi que d'une certaine intensité dans les verts ?
De même, dans les pays du Nord, la lumière se prodigue parfois si intensément que l’on pourrait se croire en pays méditerranéen. Il ne faut pas, cependant, exagérer en ce sens.
L'œuvre d'art n'est pas une véritable reproduction, c'est une traduction dans laquelle l'apport subjectif de l'artiste a pour but de dégager son intensité d'expression. Cette part personnelle se retrouve toujours identique quel que soit le sujet moteur de l'inspiration : c'est un invariant constaté au travers de l'œuvre entière. Un Cézanne des bords de l'Oise ou de Provence reste malgré tout un Cézanne. Un Gauguin de Bretagne ou de Tahiti reste un Gauguin malgré la diversité des pays qui ont servi au déclenchement de l'œuvre.
Une opinion trop absolue serait fausse.
Si le motif sert à la mise en marche de l'inspiration, c'est aussi la raison pour laquelle le changement de sujet peut produire un choc psychologique favorable à l'éclosion de l'œuvre d'art. Un climat intérieur nouveau s'établit dans l'âme de l'artiste aussi important que le climat extérieur et c'est lui qui exalte la création. La nouveauté du spectacle possède une action heureuse en rompant les routines de l'habitude et en évitant de verser dans le formalisme.
Si cette action est bénéfique, il faut se méfier de ces chocs psychologiques trop souvent répétés : ils ont alors tendance à s'émousser et peuvent même, à la longue, produire des effets inverses.
Il est aussi à craindre qu'un cosmopolitisme exagéré du paysagiste crée chez lui une vision superficielle. Devenu un errant perpétuel, il n'aura pas le temps de mûrir son émotion. Il produira des "à peu près", des "trompe-l'œil" devant lesquels les véritables artistes ne se laisseront pas abuser "…
… "Je crois que le paysagiste ressentira les plus grandes affinités avec lui-même dans son propre pays : c'est là qu'il devra planter son chevalet. Il peut, certes, tirer profit de changement s'il éprouve le désir d'une variation de thèmes pour son émotion. Les voyages enrichissent l'esprit mais il lui sera utile de méditer dans son village car c'est en lui-même, dans sa sensibilité propre, qu'il doit puiser l'essentiel pour son œuvre.
LE MILIEU ARTISTIQUE DANS LEQUEL IL VIVAIT
SA FORMATION
F. Le Chuiton est né en 1893 à Brest d’une famille brestoise et léonarde. Son père était lui-même artiste, peignait et sculptait le bois.
Il est initié à la peinture dès l’âge de 8 ans au musée de Brest et fait ses premiers apprentissages de peintre à l’Ecole des Beaux-Arts du Port Atlantique à Brest dès la fondation de celle-ci dans les années 1906-1907. Il a alors à peine treize ans.
Il y sera l’un des tout premiers élèves, avec LAUNAY, LAUTROU et SEVELLEC, du peintre LEONARD fondateur de l’école. LAUNAY, LAUTROU et SEVELLEC furent ses condisciples. Il sera également élève du professeur RAUB. Il suit en même temps les cours au lycée où il eut JULES ROMAINS comme professeur de philosophie.
En 1912 il commence ses études de médecine à l’Ecole de Santé Navale de Bordeaux, mais la première guerre mondiale interrompt celles-ci. En août 1914, il est affecté comme médecin auxiliaire sur le front d'Alsace, où il relève les blessés entre les lignes et leur donne les premiers soins dans les tranchées. Durant les trois années passées sur le front, il réalise de très nombreux dessins (pastel, fusain, encre de chine, lavis) édifiant de cette époque.
Embarqué à partir de 1920 comme médecin major de l'Aviso "Quentin Roosevelt", il bourlingue en Manche et mer du Nord, sur les côtes d’Angleterre, d’Ecosse, de Belgique et de Hollande, profitant de ses séjours à terre pour visiter les musées, dans lesquels les œuvres des portraitistes anglais du XVIIIe et les paysages de Constable et de Turner, aussi bien que les tableaux des maîtres flamands et hollandais, raniment en lui la vocation artistique de son enfance. C’est une époque de méditation et de contemplation des peintures découvertes dans les musées.
Puis à partir de son voyage en Indochine en 1922, il se lance dans la lutte en pleine nature, dans le paysage, et commence à produire de nombreuses toiles.
C’est sur le "motif "qu’il se forme lui-même par l’observation et la contemplation de la nature, plus, peut-être, que par l’étude des chefs-d’œuvre entr’aperçus dans les musées.
F. Le Chuiton pense que c’est son sens artistique qui l’a attiré vers la médecine et surtout vers les recherches biologiques auxquelles il va se consacrer pendant de nombreuses années. En effet, notre artiste est, en même temps, un homme de laboratoire. Dans celui-ci il multiplie les expériences, il rapproche le fixe, il élimine le détail, la coïncidence, puis il découvre enfin cet ordre qui lui est nécessaire. Il éprouve alors la même joie que dans la création artistique.
Les distinctions et récompenses qui honoreront ses activités tant médicales qu’artistiques, témoignent de l’imbrication de ses deux vocations. Il semblerait que l’origine de ses activités subjective et objective soit dans la recherche nécessaire d’une loi. Il sent en lui une unité, un ordre ; il le sent particulièrement quand il est seul, dans sa campagne bretonne, alors il crée de belles arabesques qu’il berce en lui et transpose sur la toile avec sa pâte colorée. Ainsi art et science se rejoignent dans cette recherche d’une loi. Le point commun est, comme nous le disait lui-même F. Le Chuiton, "l’observation avec la volonté d’en dégager l’essentiel, le choix dans les faits qui se présentent à l’esprit, de celui qu’il faut retenir et développer".
C’est en tout cas son goût du beau qui l’a ramené, après tant d’années d’études scientifiques, à la pratique d’un art qui compte nombre d’adeptes parmi les médecins.
Il acquit peu à peu un métier : une obéissance de la main à ses vives sensations, et surtout une habitude de l’œil à saisir dans un réflexe les rapports justes des lignes, des masses et des couleurs.
Grand amateur d’art, il parcourait inlassablement les musées, les expositions de peinture, et avait parmi ses amis de nombreux peintres de talent, comme Albert Marquet.
C’est d’ailleurs une tradition familiale. Son père (Ferdinand) déjà, très cultivé, s’intéressait aux arts ; il aimait glaner chez les antiquaires et les revendeurs de belles choses : gravures, objets des îles et d’extrême Orient. C’était un grand collectionneur. De tempérament très artiste, il fréquentait les galeries d’art, les musées, les peintres.
Son père admirait la Nature et, pendant ses loisirs, il travaillait le bois et peignait en utilisant une peinture à l’œuf qu'il utilisait à la manière des Impressionnistes, sur le motif. Il observait les jeux de couleurs, la tête inclinée, afin que le rayon lumineux passe par la "Macula", zone la plus réceptive de la rétine. Il a peint essentiellement des paysages de la Bretagne d’antan (fin XIXème début XXème siècle). Il n’est pas étonnant que son fils voulût suivre ses traces.
Le père communiait avec son fils dans la réception des nuances et de la poésie de la Nature. Ils avaient le même idéal et étaient très proches, ils entretenaient une correspondance très suivie et poétique.
Aujourd’hui, le fils (Michel) de Fernand Le Chuiton a repris le flambeau ou plutôt le pinceau. Et l’on a pu souvent voir, en Bretagne notamment, le grand-père, le père et le fils, peignant côte à côte et prenant plaisir ensuite à confronter leurs œuvres.
SON APPARTENANCE À UN MOUVEMENT ARTISTIQUE
F. Le Chuiton était un artiste indépendant.
Il était classé dans la catégorie "Impressionniste - Expressionniste "par les comités des Grands Prix Internationaux de Peinture de Deauville et de la Côte d’Azur.
A la manière des impressionnistes, ses toiles célèbrent le triomphe de la lumière, et par voie de conséquence de la couleur : la lumière envahit tout, elle vibre et "bouge". Lumière et couleur déterminent réellement toutes les formes et tous les paysages chez F. le Chuiton.
Ses toiles de Provence en particulier ne sont pas sans rappeler celles du grand impressionniste Cézanne.
Sa façon de peindre s’apparente également à l’expressionnisme, en ce sens, qu’elle fait preuve parfois d’une certaine part d’exagération et de distorsion de la ligne et de la couleur et surtout d’une simplification des éléments plastiques, à même de produire un fort impact émotionnel.
Ainsi, pour représenter une Bretagne sauvage aux aspects rudes, il se cantonne dans le paysage le plus simple, le plus dépouillé, le plus foncièrement vrai, toujours représenté sous une belle lumière qui corrige la rudesse de ce pays par la gaieté d’un coloris assez vif. Il se plaît beaucoup à rendre l’âpre aspect de la Bretagne terrienne.
Il ne se complaît non plus à la mélancolique poésie des atmosphères brumeuses, à celle plus dramatique qu’apportent aux paysages les ciels d’orage, à toute cette beauté sourde dont un peintre tel que Cottet a su tirer un si émouvant parti. Il aime à peindre son pays sous un aspect artistiquement moins conventionnel, plus lumineux, plus gai, car la Bretagne n’est pas toujours triste encore que terre de légendes – et ses grands ciels ont parfois la luminosité éclatante de la transparence de ciels méditerranéens.
Il rejoindrait plutôt la vision d’un Maufra et peut-être davantage celle d’un Duval-Gorlan, qui firent à la couleur la large part à laquelle, en Bretagne aussi bien qu’en une autre contrée de France, elle a droit.
Le pittoresque pour le pittoresque ne retient pas davantage F. Le Chuiton, et l’on ne trouve point dans son œuvre de ces marchés grouillants qui firent le bonheur de tant de visiteurs des Salons officiels vers 1900, ou de ces pardons, de ces assemblées qui attirèrent les peintres il y a trente ans et dont l’un d’eux, M. Lucien Simon, a tiré tant de tableaux célèbres. Non plus de ces scènes régionales ou maritimes qui inspirèrent à Julien Lemordant quelques-unes de ses plus admirables décorations, notamment celles de l’Hôtel de l’Epée, à Quimper.
Non, F. Le Chuiton se cantonne dans le paysage le plus simple, celui qui, un moment, à Pont-Aven, fit les délices de Gauguin, alors encore féru d’impressionnisme, et le retint loin des mirages des îles lointaines et des paradis exotiques.
LES ÉCOLES ET GROUPES DE PEINTRES FRÉQUENTÉS
Il a fait partie ou fréquenté les écoles de peintures suivantes :
- école de peinture du Faouët en Bretagne
- école de peinture de Provence, où il peint tout particulièrement avec ses amis Eugène Baboulène, Horace Cristol, Henri Pertus et Olive Tamari.
- écoles de peinture de Versailles et de Paris, où il a comme amis les peintres Albert Marquet, André Dauchez et Gabriel Goulinat.
- école de peinture de Bordeaux
- école de peinture Nord-Africaine.
Il entretient une correspondance suivie avec ses amis Horace Cristol, Gabriel. Goulinat, René Quillivic et Robert Yan.
Il conserve une grande amitié avec Adolphe Marie Beaufrère et Albert Marquet qu’il connut tous deux à travers leurs expositions à Paris et durant leur séjour en Algérie.